J'ai jamais su ecrire la vie . Assoupie au crayon , l'inspiration blafarde s'agite , comme un tourbillon de maux qu'il est impossible de saisir à l'envolée . L'encre coule entre mes doigts , ne laissant que par taches inbibées de sueur l'absence de mots , l'absence de moi . La feuille blanche tressaille d'impatience , cette fouttue impatience miroitante qui vous donne ce complexe de la putasserie verbale : Ecrire pour ce sentimentalisme creux et insuffisant à la sinçerité amoureuse de nos émois .
Alors du fin fond du goulot , la glotte mime quelques mots étrangers au corps de l'ecriture . Consonnance suave , sens proche de l'inertie verbale... Parler à défaut d'ecrire . Mentir à défaut de vivre .

Y'a une fausse rengaine dans l'air , de celle qui vous trompe l'oeil et le coeur pour vous faire goûter aux palpitations frénétiques du beau monde .
Y'a Marcel qui s'en boit un p'tit en cachette , au comptoir des illusions d'antan où chaque mots resonnaient encore comme poésie .
Déclamé , arraché , vidée de son sens pour en extraire l'essence même . On vivait bon dieu , on suintait l'existence , on transpirait d'bonheur .
Y'a Lisa qui brille de mille feux , sous les néons ébranlés du café dans nos vitrines de souvenirs où il fait bon d'y vivre une heure et demi .
Faire le tour de nos existences , vautrées sur les pavées , un p'tit coup dans le nez en s'oubliant de gaieté . C'était le temps où on se marrait à le flinguer .
Y'a une legère brise qui nous titille , esseulé près du zinc on se pavane à demi fou près de la porte et on y vole quelques sourires .
C'est un peu soudain , juste à croire en nos destins ficelés de promesses , de belles chansons d'ivresse et quelques grains de solitude ancrés dans la peau . A jamais . Au bistrot . Cette vie là , elle t'echappes dans la nuit frissonnante de baiser . Il n'y a plus rien qui te sembles impossible au fil des jours heureux , ceux là qui ne jouent jamais à être vieux . T'as 20 ans , à peine de trop . A